lundi 23 mars 2020

Il faut dormir (2)

Verbatim d'exil, dystopie, il faut dormir

Mon mari avec sa compagne, confinés,
Je sais, je l'ai voulu, laissons ça loin
Mon fils avec sa petite chez Fillon
Endroit très conifère, (plein de cons)
Mais zélas comme le très bon vin,
Qui ne peut me voir que trois jours !
On goûte on crache ou ça met à l'envers
Moi aussi me voir souvent me dure toujours
Ma fille que je n'ai revue que pour signer une heure ?
Et moi, ici, avec mon chien
Finalement que dire ?
Finalement, c'est bien.

Ambitieuse, elle réussit,
Lui, heureux père et mari,
C'est bien, oui..
La montagne le matin

Tout me glisse dans les mains
Comme l'eau. Mais c'est bien,
Vides, de quoi se plaindre ?
Pleines on ne sait qu'en faire!

Il faut dormir maintenant.
Pardon d'être là, d'exister, je sais,
J'encombre concombre ! Trop vivant,
Déjà il y a si longtemps
Sur le canal. Un malentendu,
Ils ne me voulaient qu'à moitié,
Toujours j'exagère. Je veux plus.
Et en totalité je suis venue,
Trois kilos sept. Et entière.

Fini la rigolade. 'Votre femme est perdue
Elle n'a plus de poumons que voulez-vous.
Je ne suis pas magicien'.
Molières. Les grèves des mineurs,
Passer de l'Est Républicain
Au fond
Des marteaux piqueurs
Qui ruinent le coeur
Et les poumons,
Mine de bruit et de fureur..
Et pour l'intrépide qui courait la France en voiture
Non, vélo, au sana, chaise longue et couvertures,
Attendant comme dans une gare, la mort ou la vie
Dont on ignore quel train va venir,
Ce fut la vie, mais comment ne pas me haïr?

Mais je voulais vivre et le veux encore, tant pis
Si ça dérange. J'y reste, brisée mais j'y suis
Se battre pour chaque croûte dans la niche,
S'arracher les ongles et se casser les dents
Plus forte ? Non Nietzsche. Plus seule mais en vie.
Et alors ? Polemos père de tout.. les souris
Mon dieu mais quelle horreur, fî ma mie !
Mon amour, je ne tue pas, este sans souris.
Avec Kati kakedepaires de chaussures
Pardon de cette cruelle mouture
Je ne suis plus sainte éberluée

Il faut dormir. Je l'ai mérité
Et oublier ceux que j'aime
Et qui ne m'aiment, salaire de la peur
Kairos.


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