jeudi 13 février 2003

Charia, hadiths et Coran: la lapidation

Extrait de livre. Nadia Uzan Editions HBL

Charia, hadiths et Coran: la lapidation


Au
huitième, soit deux siècles après la mort du prophète, un Imam, Ibn Anas, rassembla un ensemble de «hadiths» classés selon des questions de jurisprudence posées à l’époque et traitées selon son avis personnel. Les hadiths sont les récits des paroles ou des actes exemplaires de Mohamed rapportés, parfois très longtemps après sa mort, par une succession de témoins dont parfois l’origine se perd dans la nuit des temps et non, comme le Coran, la parole divine elle-même: on peut en recenser une infinité et beaucoup sont suspects. Le calife Ar Rachid proposa de faire du recueil de Ibn Anas la référence unique. Celui-ci refusa: cela n'est pas possibledit-il, car les compagnons du prophète, dispersés après sa mort, ayant tous rapporté ses hadiths, les gens de chaque ville en connaissent de différents…» Sous entendu, les miens ne valent pas plus que les autres… Un bel exemple de tolérance et de relativisme… qui ne fut pas suivi. Car par la suite, différents recueil formèrent ce qu’on a appelé la Charia (la voie); plusieurs écoles codifièrent des récits choisis sur des milliers pour en former un tout. Des califes, souvent selon leur intérêt politique, en ont privilégié certaines et négligé d’autres. 



 L’ossature de la ou plutôt des «Charia» (voie) détermine pour les fidèles ce qui est obligatoire (le respect des piliers de l’islam), ce qui est recommandé, (le mariage), ce qui est indifférent, ce qui est blâmable mais non interdit (le célibat ou le divorce)et ce qui est interdit (le vol, le meurtre…) ou les tabous alimentaires. La fatwa est un avis consultatif, une interprétation parmi les possibles du droit musulman, par une autorité religieuse individuelle, donnée à quelqu’un qui la réclame au sujet d’un cas spécifique. Il n'y a pas d'autorité suprême dans l’Islam: donc elle ne concerne qu’une situation, une période, un lieu et une personne déterminés, et pourra être confirmée, révisée, annulée, ignorée ou même, dès son édit, rejetée, (celle qui visait Rushdie), par de nombreux musulmans. Hadiths et Fatwas n’ont donc pas force de parole divine directe: ils ne sauraient remplacer ni compléter le texte «qui se suffit parfaitement» et faire état d’éléments (par exemple de sanctions) qui n’existent pas dans le Coran: ce serait privilégier la parole d’un homme, si sage fût-il, à celle de Dieu. Certes on peut admettre, et c’est parfois nécessaire, des «mises à jour» obligatoires, des applications utiles relatives à des situations qui ne pouvaient exister au sixième siècle, mais sans garantie absolue de validité et toujours à condition qu’elles se réfèrent au plus près possible au texte lui-même. N’oublions pas: «Allah est miséricordieux et pardonne…» Mais les ajouts gratuits (concernant des sanctions spécifiques d’actes banaux, par exemple l’adultère, qui furent traités en leur temps par Mohamed) n’ont pas lieu d’être: si Dieu avait voulu la lapidation, il l’aurait révélé au prophète. S’il ne l’a pas fait, nul homme ne peut passer outre.

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