samedi 21 mars 2020

Verbatim d'exil, il faut dormir

Verbatim d'exil, il faut dormir

Mon mari avec sa compagne, confinés
Je sais, je l'ai voulu, laissons ça loin
Mon fils avec sa petite, chez Fillon
Endroit très conifère, (plein de cons)
Qui ne peut me voir que trois jours pairs
Comme le très bon vin,
On goûte on crache, ou ça met à l'envers
Moi aussi me voir plus de trois jours me fait peur
Ma fille que je n'ai revue que pour affaires, une heure ?
Et moi, ici, avec mon chien
Finalement que dire ?
Finalement, c'est bien.

Ambitieuse, elle réussit,
Lui, heureux, père et mari,
C'est bien, oui..
La montagne le matin

Tout me glisse dans les mains?
Comme l'eau. Mais c'est bien aussi
Vides, de quoi se plaindre ?
Pleines on ne sait qu'en faire!

Il faut dormir maintenant.
Pardon d'exister, je sais, et d'être là
Ou de l'avoir été ! Tellement là, vivant,
Plantée ferme bulldozer. Malentendu,
Ils ne me voulaient qu'à moitié,
Et en totalité je suis venue, entière
Toujours j'exagère. J'en veux plus.

Solide, suivie d'une traîne de boue
'Votre femme est perdue
Elle n'a plus de poumons que voulez-vous.
Je ne suis pas magicien'.
Molières. Les grèves des mineurs,
Passer de l'Est Républicain
Au fond, marteau piqueur
Mine de bruit et de fureur..
Et pour l'intrépide qui courait la France en voiture
Non, vélo, au sana, chaise longue et couvertures,
Attendant comme dans une gare, la mort ou la vie
Dont on ignore quel train va venir,
Ce fut la vie, mais comment ne pas me haïr?

Mais je voulais vivre et le veux encore, tant pis
Si ça dérange. J'y reste, brisée mais j'y suis
Se battre pour chaque croûte dans la niche,
S'arracher les ongles et se casser les dents
Plus forte ? Non Nietzsche. Plus seule mais en vie.
Et alors ? Polemos père de tout.. les souris
Mon dieu mais quelle horreur, fî !
Dégage mon amour, reste sans souris.
Avec Kati
 Il faut dormir. Je l'ai mérité
Et oublier ceux que j'aime
Et qui ne m'aiment, salaire de la peur
Kairos.
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