vendredi 6 mars 2020

Mémoire d'un entonnoir, de la maltraitance à la maltraitance puis à la lumière

Mémoires d'un entonnoir
Y a-t-il une fatalité du rejet, de la maltraitance ? Non mais c'est une réaction en chaîne, surtout si ça commencé tôt, on est au bord d'un puits, à peine poussée, le reste suivra* tout seul par la pesanteur, le reste, ce sont les maltraitances en file, [c'est ce qui fait qu'on va se demander pourquoi ça m'arrive et pas aux autres, j'ai forcément fait quelque chose ? Et se taire aussi de peur de ne pas être crue tant c'est gros.. ce qui fait aussi que chacun se croit seul à avoir subi ça]. Certains, rares, s'en sortent. Les salauds ou les saints. Je n'ai pas pu, pas assez l'un ni l'autre. J'ai raté le coche plusieurs fois, le Seuil, mon 1er livre, Monique, puis la concurrence, j'ai lâché, je n'aurais pas supporté la célébrité impt, D'ÊTRE tout simplement. Pas formatée pour ça.
Lydie m'a rejetée : elle m'aimait assez pour ne pas me laisser tout à fait à Margo et Josée, ce qui eût été l'Eden, mais pas suffisamment pour supporter ''un fil à la patte'' disait-elle : une femme libre qui n'aurait jamais dû avoir d'enfants ; mon père, lui même rejeté par le sien qui le croyait d'un autre, n'a jamais vu que j'existais, les seules qui m'ont ailée étaient Margo et Jo à qui je dois de vivre. Pas un seul jour où je n'aie voulu mourir. Le cimetière tout près était accueillant. On y avait notre tombe.
Ensuite, j'ai 'choisi' n'importe qui me choisissait, amie, amants, j'étais à vendre, non, à donner! en solde. Un m'a exploitée à la corde, puis violée, massacrée... et enfin une embellie, une porte s'ouvrait sur le soleil, mais in fine, le rejet encore, le plus dur celui-là car je me croyais sur le canot, par des gardes, car je n'étais pas juive .. et c'est reparti, mauvaise mère, sûr, suicidaire comme Lydie, ma fille (tant aimée pourtant mais trop d'amour accable et j'étais devenue presque folle**) payait l'addition, (anorexie) et enfin cette psy systémique à ma demande avec deux tordus, juifs aussi qui me l'a définitivement enlevée ; mon fils m'est resté, aimant, puis est parti mais normalement, fondant une famille et, vous allez rire, il m'a également rejetée, 'vous pouvez rester, mais pas plus de trois jours' m'a dit Mél. Evidemment je ne suis plus jamais revenue. Il a tenté le rattrapage, en vain. Car le rejet en chaîne, et il l'est TOUJOURS, finit à la fois par mithridatiser et sur-sensibiliser : serpillières, on supporte n'importe quoi, mépris, exploitation et même coups*** mais soudain un souffle vous fait envoler et plus jamais re loser. La solitude, garante qu'il n'y aura pas de rejet ! nous convient plus ou moins stt si on a la chance de la remplir de culture, pour moi acquise à l'arrache, Lydie m'interdisant d'étudier ''institutrice, c'est très bien pour une femme, pour t'occuper de tes enfants, et puis tu es trop fragile'', je me serais prostituées pour étudier. Et c'est ..
Oui, du rejet aux coups, des coups au rejet, et d'un rejet à un autre, ça continue, parfois de moindre en moindre il est vrai, mais on est sur-sensibilisées et nos cohortes d'anticorps militarisés prêts à bondir surgissent en rang de combat sabre au clair à une offense qui eût fait sourire un autre. Esclaves janissaires. Cela peut faire de nous des psy attentifs, sagaces, hypervigilance oblige, artistes, auteurs, philosophes, militants ou fous. Ou toussa ! Cessons ces jérémiades, il y a pire. Et savons des animaux.
* Lorsqu'on abat un arbre encordé pour le guider, même une très faible pression sur la corde suffira à condition de l'exercer juste au moment où l'arbre craque et va s'abattre, un quart de seconde trop tard, il tombera au hasard.
** J'ai voulu sauter d'un 13 ième étage devant mes enfants, comme avait fait Lydie, d'un 4 ième certes ! et de HLM ! mais en voulant m'obliger à sauter avant car elle ne voulait pas me laisser seule dans un monde si horrible (Jean la trompait), j'ai refusé, j'avais 10 ans et n'étais pas très forte par rapport à elle, j'ai hurlé, agrippée au garde corps du mini balcon, un hurlement à résonner jusqu'au Pont Battant, luttant pour ma vie. Ce hurlement, il me semble l'entendre encore...  Surprise elle s'est arrêtée et m'a dit, colère.  choquée : ''mais tais-toi ! Tu es folle. Pense aux voisins !''
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Ces maltraitances cependant peuvent rendre plus fort. Plus créatif. On n'a pas le choix.

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