mercredi 13 juillet 2005

"Rêves érotiques" Viridiana

Rêves de vie

Je suis au treizième étage, dans une résidence confortable du quartier de Montparnasse, —en fait chez moi.— Pas de bruit, moquette de cinq centimètre d'épaisseur, tout est insonnorisé et les voisins, discrets: je ne les connais toujours pas au bout de dix ans, c'est dire... ni eux, moi, dans doute. Luminosité et angoisse. Des baies vitrées étincelantes, vue sur le quartier et des immeubles identiques au loin. Deux enfants en bonne santé, un mari absent, je suis une femme heureuse, je sors peu, voire même pas du tout. A quoi bon ? N'ai-je pas tout ce dont on peut rêver? Mais pourquoi cette angoisse alors, prégnante, devant la fenêtre ? Ou sur le balcon fleuri ? Ce jour là, je suis seule, les enfants sont en vacances dans le midi, chez "moi" c'est à dire chez mes parents. Un midi dont je suis exilée, puisque mon mari n'a pas voulu s'y installer. Paris, évidemment, c'est la ville lumière, la ville qui m'a absorbée et dévorée. Je me réveille, l'appartement est en flammes, l'immeuble brûle, un feu d'enfer. Il faut fuir. Vite, ou c'est ma mort. Je cours dans le couloir, les portes sont en flammes. C'est l'horreur. Tant pis, il faut sauter. En bas, la rue, les gens tout petits, n'ont rien vu, ils courent vers le métro, ou flanent devant les vitrines. Mourir pour mourir, autant que ce soit rapide et surtout pas être brûlée vive, je n'ai pas la vocation de Jeanne d'Arc... Je saute, tant pis.



 Et je descends lentement, comme en vol, et me pose
délicatement sur une pelouse verte et grasse, dans une prairie où broutent des vaches paisibles. En fait, l'appartement était au rez-de-chaussée. Je l'ignorais. Un rêve. Une réalité aussi. Voir l'allégorie de la caverne... Autre rêve: je suis dans une foule sympathique, un groupe plutôt de gens qui devisent aimablement. Je veux prendre la parole aussi, tout naturellement. On me répond, toujours aimablement, que je ne le puis car je suis morte. Ou du moins pas en vie, comme tous les autres. Je m'indigne: - mais si, je suis vivante, voyons, vous le voyez bien ... On me répond qu'une parole ne suffit pas à le prouver, sinon ce serait trop facile, ils sont bien obligés de me demander des garanties sinon où irait-on etc... Toujours très gentiment d'ailleurs. Je m'énerve un peu. - Quelles garanties à la fin? - Il faut présenter un certificat de vie me dit-on très posément, comme si c'était l'évidence. -Ah bon? Mais où le trouver ? On m'indique un bureau où je dois aller le réclamer. Soit, ça me rassure presque. Puisqu'il suffit d'un certificat, ça ne devrait pas poser problème... Je me présente au guichet. Il y a la queue. Apparemment, beaucoup de gens sont dans mon cas. Je prends la file. Je demande à celui qui est devant moi: vous aussi vous devez présenter un certificat de vie? -Oui. - Et ça prend longtemps? - Ca dépend. Parfois, oui. - C'est à dire ? - Oh, toute la vie... J'attends paisiblement. la réflexion de mon prédecessur ne m'a pas trop inquiétée, finalement. Puisqu'il suffit d'attendre... Un livre époustouflant... Entre rire et désespoir. Voir site Larrive.info

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